L’immobilier affichera des gains d’une année à l’autre démesurés dans les prochains mois – voici pourquoi

Si les statistiques immobilières vous ont donné le tournis l’an dernier, cramponnez-vous : les prochains mois s’annoncent encore plus mouvementés.

Ces dernières années, des déséquilibres se sont sournoisement développés dans les marchés locaux du Canada. Ils ont été révélés au grand jour en 2020, lorsque la demande, plus forte que prévu, a crû plus rapidement que les inscriptions. Résultat : l’inventaire a atteint un creux jamais vu en 30 ans. On observe la même tendance dans plusieurs marchés : d’une part, des records de ventes et de prix, et d’autre part, des creux historiques de nouvelles inscriptions et d’inventaire. La plupart des marchés sont débridés, et les ventes y atteignent des niveaux bien au-delà de la normale. Et rien ne laisse présager un ralentissement.

Cela dit, on peut déjà annoncer que, ce printemps, le marché affichera des variations démesurées et sans précédent. Les comparaisons d’une année à l’autre refléteront le gouffre qui sépare l’effervescence actuelle et la torpeur du printemps dernier, alors que la COVID-19 a subitement freiné la vie en général et les transactions immobilières en particulier.

L’an dernier, le confinement s’est amorcé juste avant que le marché du printemps s’active et l’a essentiellement mis sur pause pendant trois mois. Exemple : en avril 2020, il y a eu 20 770 ventes au Canada, bien en deçà de la moyenne de 51 743 pour les années 2015 à 2019. On parle d’une chute de presque 60 %.

Toute une dégringolade, surtout lorsqu’on considère que pour retrouver le niveau initial après une telle chute, il faut un pourcentage de croissance plus important que le pourcentage de repli. Dans ce cas-ci, pour contrer la chute de 60 % et revenir à la moyenne quinquennale de 51 743 ventes, il faudrait une croissance de près de 150 %! Ce calcul fonctionne dans les deux sens : après une croissance de 300 % (p. ex. : un marché passe de 10 à 40 ventes), il « suffit » d’une chute de 75 % pour revenir au niveau initial.

Imaginons (avec prudence) pour le moment que le nombre de ventes nationales en avril 2021 sera comparable au nombre de ventes du mois précédent, soit environ 76 000. Dans le tableau ci-dessous, vous pouvez voir si les résultats d’avril 2021 sont semblables à ceux de mars, le pourcentage de croissance d’une année à l’autre serait d’environ 270 %. Wow!

Où est-ce que je veux en venir? Après la chute de l’an dernier, pour revenir à la moyenne de 2015-2019, il faudra un taux de croissance impressionnant… et ce taux sera largement dépassé!

Le marché est actuellement dans une frénésie surprenante, ce qui, couplé à sa dormance au printemps dernier, ne fait que creuser le fossé entre 2020 et 2021. De toute évidence, la pandémie se fera sentir sur le marché de l’habitation et en faussera le portrait pendant des années. Pour mieux comprendre les tendances du marché et les facteurs sous-jacents, visitez CREAStats.ca.

Ryan Biln est économiste à l’ACI. Il fournit des renseignements sur le marché de l’habitation aux chambres, associations, membres et intervenants du secteur immobilier. Ryan est né et a grandi en Colombie-Britannique. Il aime le plein air, les activités physiques et les bons moments avec sa famille et ses amis.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *