Un an plus tard : l’incidence de la COVID-19 sur les courtiers et agents au Canada

Avec du recul, on se souviendra de l’année 2020 comme une année en dents de scie, et ce, pour tous les secteurs et régions du globe ‒ du jamais-vu. L’année a connu un début normal, mais personne n’aurait pu prédire les incidences du nouveau coronavirus qui se propageait partout sur la planète.

En mars 2020, mois où le pays entier a dû être confiné, les transactions immobilières ont été interrompues. Quand les semaines sont devenues des mois, les courtiers et agents ont su s’adapter à cette nouvelle normalité, et le secteur a commencé à observer des tendances inhabituelles.

« En rétrospective, il nous semble qu’il y a toute une éternité depuis la veille du Nouvel An 2019 et que le temps s’est écoulé en un clin d’œil… C’est le genre d’impression confuse que peut causer une pandémie mondiale, je suppose. Au début de mon année à la présidence, je ne savais pas à quoi m’attendre; mais je peux vous dire en toute certitude que ce n’était pas ce qui nous est tombé dessus », a affirmé le président de l’ACI, Costa Poulopoulos, dans son message de fin d’année 2020.

« En notre qualité de courtiers et agents immobiliers, nous sommes fiers de la façon dont nous interagissons et communiquons avec les gens. Nous voulons être là pour nos clients pour les aider à s’y retrouver dans le processus compliqué d’achat d’une propriété. Nous sommes une étape importante pour aider les Canadiens à réaliser leurs rêves; ne l’oubliez pas. Le simple fait que les réunions en personne au café soient maintenant remplacées par des appels Zoom dans le désordre des bureaux à domicile ne diminue en rien le travail que nous faisons pour continuer à faire tourner l’engrenage de l’économie canadienne », a-t-il dit.

Nous jetons un regard rétrospectif sur 2020 et sur l’incidence que la COVID-19 a eue sur les courtiers et agents dans l’ensemble du Canada. Ceux-ci ont délaissé les interactions en personne pour se concentrer sur de nouvelles technologies, leur sécurité et leur santé mentale.

Lorsque Sean Morrison est devenu président de l’Ontario Real Estate Association (OREA) en février 2020, le nouveau coronavirus n’avait pas encore frappé de plein fouet l’Amérique du Nord.

« Nous avions planifié une année tout à fait différente », déclare-t-il. « À l’approche du mois de mars, nous en apprenions plus sur la COVID-19 et nous savions qu’elle allait avoir une incidence sur nos membres. »

Nous avons compris la gravité de la situation lorsqu’un confinement fut imposé à l’échelle du pays.

« Les organisations ne disposaient pas d’un plan d’urgence », explique M. Morrison. « Nous n’avions jamais connu de pandémie d’une telle amplitude depuis la grippe espagnole. »

Les chambres et associations, ainsi que l’ACI qui menait la charge, n’ont ménagé aucun effort pour assurer la sécurité de la communauté immobilière, en passant au télétravail et en exerçant des pressions auprès du gouvernement fédéral pour veiller à ce que le secteur immobilier soit jugé un service essentiel et que les besoins uniques des courtiers et agents soient pris en compte lors de la mise en œuvre des plans d’aide d’urgence.

Woman working in office.

L’ACI a lancé un centre d’informations sur la COVID-19 afin de fournir de l’information importante sur tous les aspects de cette pandémie et ses répercussions sur la vie professionnelle et personnelle des courtiers et agents. Le microsite est alimenté de ressources pour aider les membres à se préparer à la relance du marché : collaboration avec le gouvernement, information technologique, webinaires et questions juridiques.

Une page destinée aux consommateurs a aussi été créée sur le Salon de REALTOR.ca pour aider les Canadiens à composer avec l’incertitude et les effets de la pandémie de la COVID-19, et ce, tout au long du processus d’achat ou de vente d’une propriété.

L’OREA a créé son propre centre d’informations sur la COVID-19 qui offre une foule d’informations allant des orientations sanitaires à la disponibilité des programmes (fédéraux et provinciaux).

Reconnaissant que la pandémie a eu des conséquences dévastatrices sur la santé mentale de ses membres, l’OREA a également tenu plus de 35 webinaires et a offert à ses membres un soutien en matière de santé mentale par le biais de Morneau Shepell (ce soutien est toujours offert).

« Cela fait longtemps que j’ai renoncé au papier dans mon entreprise », affirme M. Morrison. Mais il s’agissait de la première fois qu’il inscrivait et vendait une propriété en ligne.

« Je n’ai jamais mis les pieds dans l’immeuble, j’ai utilisé Facebook pour visiter la résidence et j’ai conclu la vente au moyen d’une plateforme pour signatures numériques », dit-il. « Nous avons créé une inscription 3D de la résidence pour que les acheteurs puissent faire une visite 3D complète. C’est bien sûr une autre façon de faire des affaires. »

Fait intéressant : Avant le 12 mars, 15 % des inscriptions sur REALTOR.ca permettaient de faire une visite virtuelle (sur Matterport, iGuide ou YouTube), un pourcentage qui est passé à 25 % en l’espace de quelques semaines et qui continue de croître.

Mais il n’est pas forcément facile de s’adapter à cette façon de faire. « Je me sentais coupé du processus ‒ on perd le lien personnel avec le client », explique-t-il.

« Je suis fier d’offrir un service personnalisé », ajoute-t-il. « Nous avons trouvé des solutions efficaces pour composer avec la pandémie et c’est certainement quelque chose que je vais offrir à l’avenir, mais j’aime rencontrer les gens et c’est cela qui me manque énormément. »

Au début du mois de juin, les acheteurs ont commencé à revenir en force, alors que les propriétaires-vendeurs se faisaient toujours hésitants, dit M. Morrison, ce qui est venu « amplifier le problème d’offre et de demande que nous avons connu au début de la pandémie. »

La demande comprimée a donné lieu à un été et un automne actifs.

Mais il a remarqué que les acheteurs changent aussi. Alors qu’ils s’intéressaient surtout à la cuisine, aux salles de bains et au nombre de pieds carrés, les acheteurs recherchent maintenant et avant tout un espace vert.

« Tout le monde veut une cour arrière… et un bureau à domicile ou un espace dédié à l’entraînement physique », déclare M. Morrison. « Voilà les principaux changements. »

En Alberta, le marché immobilier, qui était au ralenti depuis plusieurs années avant l’arrivée de la COVID-19, semblait plus reluisant au début de l’année lorsque les emplois dans le secteur de l’énergie ont connu un regain.

« Nous commencions enfin à observer une hausse des ventes et une réduction de l’offre », affirme Ann-Marie Lurie, économiste en chef à l’Alberta Real Estate Association (AREA). « Puis, la COVID-19 nous a frappés. »

En mars et avril, nous avons assisté à un repli important des ventes; il y avait aussi une baisse du nombre d’inscriptions, ce qui a contribué à corriger l’offre. Puis quelque chose d’étrange s’est produit, ce qui « laisse bon nombre d’entre nous quelque peu perplexes ‒ mais pas de façon négative », dit-elle.

L’AREA s’attendait à une croissance des ventes après le premier confinement, « mais les ventes ont progressé plus rapidement et de façon plus marquée », affirme Mme Lurie. « Il y a maintenant un meilleur équilibre entre l’offre et la demande qu’au début de l’année. »

Cela est peut-être encore plus étonnant parce que le secteur de l’énergie a encaissé un autre coup à la suite d’autres mises à pied pendant la pandémie, et on sait que le taux de chômage en Alberta est l’un des plus élevés au pays.

Contrairement à d’autres régions du pays où les prix des logements sont à la hausse, les prix sont plus bas maintenant qu’il y a deux ans. Il s’ensuit que des taux hypothécaires et des prix plus bas ont incité certains acheteurs à faire leur entrée sur le marché pendant qu’ils sont en mesure de le faire.

Au Canada atlantique, les tendances étaient tout aussi surprenantes. À l’approche de 2020, on prévoyait que le secteur immobilier de la Nouvelle-Écosse allait connaître une autre excellente année. Mais tout s’est brusquement arrêtée le 13 mars, se rappelle Chris Peters, président de la Nova Scotia Association of REALTORS® (NSAR), « la veille de la semaine de relâche du mois de mars. »

« Pour moi, le mot qui résume bien l’année est intense », dit-il. « Et l’autre est changement. Nous étions tous obligés d’être ouverts à certains changements sur le plan professionnel, personnel ou familial. »

Quant à son entreprise, M. Peters avait déjà délaissé les visites libres avant l’arrivée de la pandémie, se concentrant plutôt sur la création d’une expérience numérique plus attrayante, grâce entre autres à la mise en valeur virtuelle et aux visites 3D.

Mais pour cette personne qui se dit sociable, le changement était difficile ‒ et c’est le cas de beaucoup de courtiers et agents.

« Je suis un gars qui aime les contacts humains, je parcourrais un kilomètre de plus pour faire signer un document en personne », dit-il. « J’ai donc dû dénicher plus d’outils en ligne à partager avec mes clients et m’inscrire à Zoom au lieu d’utiliser la version gratuite avec des contraintes de temps… parce qu’une demi-heure, ce n’est pas suffisant. »

La NSAR a toujours offert du soutien en matière de santé mentale à ses membres par le biais d’un programme d’aide, mais depuis le début de la pandémie, elle a sensibilisé ses membres de nouveau au soutien qui était offert à eux et à leur famille au moyen de webinaires. La NSAR a également adopté la formation et l’octroi de permis virtuels via Zoom.

Au cours des premières semaines du premier confinement, la plupart des agences immobilières ont mis fin aux visites libres. Mais à la mi-avril, il y a eu une reprise des activités ‒ plus rapide que dans le reste du pays, rendant les choses intéressantes. Avant la COVID-19, les offres multiples se faisaient plus rares au Canada atlantique, « mais nous avons commencé à assister à une reprise en avril, puis à une reprise soutenue en mai et juin », déclare M. Peters.

Les propriétaires-vendeurs n’étaient pas toujours à l’aise à l’idée que des étrangers visitent leur propriété. « Puis le mois de juin est arrivé », dit-il. « Nous avons quelque peu repris notre vitesse de croisière. Nous comprenions mieux ce qui se passait. »

Comme ailleurs, une priorité accordée aux protocoles en matière de santé et de sécurité (tels que la distanciation sociale et le port d’un masque), une disponibilité accrue des ÉPI et une vaste gamme de nouveaux services virtuels ont fait en sorte que les propriétaires-vendeurs se sentaient plus à l’aise avec le processus. Au mois d’août, « nos inscriptions dépassaient leur niveau de 2019 », explique M. Peters. « Cette tendance se poursuit toujours. »

Avec des ventes qui dépassent les nouvelles inscriptions, les courtiers et agents reportent la soumission d’offres, « ce qui était plutôt inédit à la même période l’an dernier », dit-il. Les courtiers et agents ont aussi recours à différentes plateformes technologiques pour communiquer avec leurs clients et tenir des visites libres virtuelles. « On assiste à l’utilisation et à l’adoption accrues de technologies », affirme-t-il. « Je crois qu’on va continuer d’utiliser bon nombre de ces plateformes. »

Avant l’arrivée de la pandémie, certains courtiers et agents avaient commencé à mener certaines de leurs activités en ligne. La pandémie n’a fait qu’accélérer cette tendance.

« Les courtiers et agents ont une grande capacité d’adaptation ‒ cela fait partie de notre boulot. Nous n’avons pas d’autre choix. Nous devons adopter une approche fluide lors d’une transaction. C’est une compétence innée », déclare M. Morrison, en ajoutant « nous pouvons très bien passer à l’espace numérique. »

Sarah Doktor est conseillère en communications. Elle est chargée de concevoir divers produits de communication interne et externe, comme du contenu de blogue, des bulletins d’information, des messages sur les réseaux sociaux et des notes d’allocution. Avant de se joindre à l’ACI, Sarah a travaillé comme journaliste dans une petite ville et comme rédactrice de contenu en ligne pour l’un des plus grands médias nationaux au Canada. Dans ses temps libres, Sarah rénove sa maison centenaire, fait de l’exercice à la salle de sport ou regarde en rafale des émissions de télé-réalité « quétaines ».


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