Le marché canadien de l’immobilier commercial pourrait ralentir en 2024

Chaque trimestre, L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) publie un résumé des indicateurs économiques clés pour l’immobilier commercial au Canada. L’équipe d’économistes de l’ACI analyse régulièrement les mises en chantier, le nombre de permis de construction de bâtiments non résidentiels, le produit intérieur brut (PIB) et le marché du travail comme indicateurs du marché de l’immobilier commercial. Pour des informations sur le marché de l’immobilier résidentiel, consultez le Centre de statistiques de l’ACI.  


L’examen des données relatives à l’immobilier commercial pour le quatrième trimestre de 2023 révèle une baisse du nombre de permis de construction de bâtiments non résidentiels et des mises en chantier, ainsi qu’un ralentissement du marché du travail : tous des signes d’une diminution possible des projets de construction dans l’ensemble du pays.

En particulier, la valeur des permis de construction de bâtiments non résidentiels délivrés a subi une baisse de près de 3 % comparativement au troisième trimestre de 2023.

Le marché de l’habitation a ralenti également, et fait face à de nombreux défis, notamment la hausse des taux d’intérêt, des coûts des matériaux et de la main-d’œuvre et de la valeur des terrains.

Le marché du travail montre également des signes de ralentissement. Le nombre de personnes entrées sur le marché du travail était supérieur au nombre de personnes ayant trouvé un emploi, et aucun indice laisse croire que la hausse des salaires suivra l’évolution du coût de la vie pour la plupart des Canadiens.

Pour le marché de l’immobilier commercial, 2024 reste une année incertaine, car l’économie canadienne est confrontée à des taux d’intérêt élevés, à une inflation stationnaire, à un ralentissement du marché du travail et à des problèmes d’abordabilité.

Voici un examen plus approfondi de certaines des données que nous surveillons sur le marché immobilier commercial.

Mises en chantier

Même si elles sont supérieures à leurs niveaux d’avant la pandémie, les mises en chantier au Canada ont diminué d’environ 4,5 % au quatrième trimestre de 2023 comparativement au troisième trimestre, et ont diminué de plus de 5,5 % comparativement à la même période en 2022.

Le problème d’abordabilité au pays signifie que le nombre de mises en chantier doit absolument demeurer élevé pour répondre à la demande, mais la hausse des taux d’intérêt et des coûts des matériaux et de la main-d’œuvre freine la construction de nouveaux logements. Des changements aux politiques en matière de logement à tous les paliers du gouvernement pourraient aider à compenser certains de ces coûts plus élevés.

Le gouvernement fédéral a annoncé de nouvelles mesures pour encourager la construction de nouveaux logements locatifs, y compris l’élimination de la TPS et l’obligation pour les municipalités de moderniser leurs politiques de zonage d’exclusion pour accéder au Fonds pour accélérer la construction de logements.

Un rapport récent du Conference Board du Canada, produit conjointement par L’Association canadienne de l’immobilier (ACI), l’Ontario Real Estate Association (OREA) et la British Columbia Real Estate Association (BCREA), souligne que le Canada doit pourvoir 12 000 postes vacants de travailleurs qualifiés par année au cours des 10 prochaines années dans le secteur de la construction résidentielle afin de répondre aux besoins du pays en matière de logement, et que des sources non traditionnelles de main-d’œuvre de construction joueront un rôle crucial pour pourvoir ces postes vacants.

Permis de construction de bâtiments non résidentiels

D’octobre à décembre 2023, des permis de construction de bâtiments non résidentiels d’une valeur de près de 11,6 milliards de dollars ont été délivrés. Il s’agit d’une baisse de près de 3 % comparativement à la même période de trois mois en 2022, et d’une baisse de plus de 13 % comparativement aux trois mois précédents, avec des baisses marquées en Colombie-Britannique, en Ontario, au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve-et-Labrador.

Les trois composantes non résidentielles ont affiché des baisses trimestrielles et annuelles de la valeur des permis. Le resserrement des conditions financières et l’affaiblissement de l’économie pourraient freiner davantage les intentions de construction non résidentielle en 2024.

La valeur totale des permis de construction de bâtiments non résidentiels a connu son pire quatrième trimestre depuis 2020, et son niveau trimestriel le plus bas depuis le troisième trimestre de 2022.

Si le nombre de permis de construction de bâtiments non résidentiels délivrés au quatrième trimestre a augmenté d’une année à l’autre à l’échelle du pays, il a connu une forte baisse par rapport aux trois mois précédents dans toutes les provinces, à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard. L’augmentation des coûts des matériaux et de la main-d’œuvre est susceptible d’accentuer ces tendances. Alors que les coûts continuent d’augmenter, la faisabilité financière des nouveaux projets pourrait être compromise, ce qui entraînerait une nouvelle réduction du nombre de permis délivrés.

Taux de chômage

En janvier 2024, le taux de chômage national a connu une légère baisse passant à 5,7 %, et 37 000 nouveaux emplois ont été créés dans l’économie canadienne. Cette baisse s’explique en grande partie par une augmentation des emplois à temps partiel et suggère que, si davantage de personnes trouvent un emploi, la nature de ces emplois n’offre peut-être pas le même niveau de revenu ou de stabilité que les emplois à temps plein.

La dynamique du marché du travail est toujours influencée par la croissance démographique au Canada. Toutefois, la baisse du taux d’emploi en janvier 2024 résulte d’une croissance de la population en âge de travailler supérieure à celle du nombre d’emplois. Cela indique que, si davantage de personnes entrent sur le marché du travail, elles ne trouvent pas toutes un emploi, ce qui pourrait entraîner une augmentation ultérieure du taux de chômage.

Selon l’Enquête sur les perspectives des entreprises – Quatrième trimestre de 2023 de la Banque du Canada, le marché du travail montre des signes de ralentissement. La plupart des entreprises ne ressentent pas le besoin de recruter du personnel et connaissent des pénuries de main-d’œuvre moins intenses qu’il y a un an. Toutefois, en moyenne, la croissance des salaires devrait être supérieure à la normale au cours des 12 prochains mois, principalement en raison des ajustements au coût de la vie plutôt que des gains de productivité.

Selon l’Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Quatrième trimestre de 2023, les travailleurs pensent que le marché du travail s’est légèrement affaibli. Toutefois, les attentes en matière de croissance des salaires restent élevées en raison des ajustements au coût de la vie. La plupart des travailleurs pensent toujours que l’inflation ne reviendra pas aux niveaux d’avant la pandémie et qu’elle pourrait dépasser la croissance de leur salaire.

Dans son dernier Rapport sur la politique monétaire, la Banque du Canada a également indiqué qu’une croissance des salaires plus élevée que prévu pourrait l’empêcher de réduire ses taux à court terme.

Croissance du produit intérieur brut (PIB)

Lors de son annonce du 6 mars 2024, la Banque du Canada a indiqué qu’elle maintenait son taux cible du financement à un jour à 5 %. Il s’agit de sa quatrième décision consécutive de maintenir le taux après deux hausses l’été dernier.

La Banque a indiqué que l’économie du Canada a stagné au cours du second semestre de 2023 et qu’elle n’envisageait pas de croissance au cours du premier trimestre de 2024, mais entrevoyait une reprise au cours du deuxième semestre de cette année. La Banque a aussi indiqué que « les dépenses publiques devraient contribuer de façon importante à la croissance tout au long de l’année », laissant croire qu’elle attendra le dépôt du prochain budget fédéral avant de revoir ces prévisions.

Bien que le produit intérieur brut (PIB) soit resté stable depuis le printemps de 2023, le PIB réel par habitant stagne depuis le début de 2020, car les augmentations de la production réelle n’ont pas suivi la croissance de la population. Des recherches récentes mises en évidence par de nombreux commentateurs financiers laissent entendre que le PIB réel par habitant continuera de baisser pendant les 10 prochaines années au Canada.

Malgré les progrès accomplis dans la réduction de l’inflation depuis son sommet de l’été 2022, l’incertitude quant au rythme auquel l’inflation diminuera en 2024 pourrait maintenir les taux d’intérêt à un niveau élevé plus longtemps. Dans son dernier Rapport sur la politique monétaire, la Banque du Canada prévoit que l’économie canadienne ne progressera que de 0,8 % en 2024, comparativement à 1 % l’an dernier, avant d’atteindre 2,4 % en 2025. Les prévisions en matière d’inflation démontrent que la Banque ne s’attend pas à ce que l’inflation atteigne la cible de 2 % avant 2025.

Le prochain Portrait de l’immobilier commercial de l’ACI sera publié plus tard ce printemps et couvrira l’activité économique du premier trimestre de 2024.

Ryan Biln est économiste à l’ACI. Il fournit des renseignements sur le marché de l’habitation aux chambres, associations, membres et intervenants du secteur immobilier. Ryan est né et a grandi en Colombie-Britannique. Il aime le plein air, les activités physiques et les bons moments avec sa famille et ses amis.


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