Marché de l’habitation : le calme avant… l’année prochaine

Le jeudi 14 décembre, L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) a publié ses statistiques nationales sur l’habitation pour novembre 2023. Shaun Cathcart, économiste principal à l’ACI, fait le point sur l’état des marchés de l’habitation au Canada et explique ce que les données signifient pour les membres.


Bonne nouvelle!

On dirait que les premiers signes de redressement, ou du moins de stabilisation, des conditions du marché que nous avons remarqués en octobre se confirmeront en 2024.

Les ventes ont à peu de choses près cessé de reculer en novembre. Elles ont diminué de moins de 1 % par rapport à octobre, soit la plus faible baisse depuis juillet.

Par ailleurs, comme en octobre, les nouvelles inscriptions ont diminué d’environ 2 % d’un mois à l’autre en novembre. D’après les données de la première moitié de décembre, il y a fort à parier que cette tendance se poursuivra jusqu’à la fin de l’année.

Je sais d’expérience que certains changements de politiques peuvent refroidir les ardeurs des acheteurs pendant une partie de l’année. Les nouvelles hausses de taux d’intérêt annoncées par la Banque du Canada en juin et en juillet ont eu cet effet. Dès le mois d’août, il ne faisait aucun doute que bon nombre d’acheteurs avaient déjà décidé d’hiberner, au moins jusqu’au printemps 2024.

Cela n’a toutefois pas empêché les propriétaires-vendeurs de tenter leur chance en grand nombre cet automne, après la fête du Travail. Le nombre de propriétés nouvellement inscrites a en effet augmenté de près de 6 % d’août à septembre.

Or, septembre a marqué un sommet pour les nouvelles inscriptions. Depuis, puisque les acheteurs sont peu nombreux à vouloir entrer dans la danse, les propriétaires-vendeurs tirent de plus en plus leur révérence et rentrent chez eux.

Grosso modo, cette année, les acheteurs ont intégré le marché au printemps alors que les propriétaires-vendeurs étaient peu nombreux, puis à l’automne, les nouvelles inscriptions ont connu une hausse alors que les acheteurs se sont faits rares. Acheteurs et propriétaires-vendeurs ont pu s’accorder en mai, en juin et en juillet – mais c’était un peu comme deux navires qui se croisent la nuit.

Replaçons-nous en septembre : nous savions déjà que les acheteurs seraient aux abonnés absents pendant au moins six mois. Une telle hausse des inscriptions avait donc quelque chose d’inquiétant. Les taux étant très élevés, il y avait lieu de redouter que certaines personnes soient contraintes de mettre leur résidence en vente.

Voilà pourquoi le ralentissement des nouvelles inscriptions ces derniers mois représente une bonne nouvelle. Il semble que le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions se stabilisera aux environs de 50 % et les mois d’inventaire, à un peu plus de quatre mois – ce ne sont pas des chiffres auxquels les dernières années nous ont habitués, mais ils sont plutôt équilibrés si on se fonde sur les données historiques.

La demande étant en suspens, espérons que l’offre pourra suivre le bal. Armons-nous maintenant de patience.

Mais qu’attendons-nous, me demandez-vous? Eh bien, depuis le début de 2023 nous prévoyons que cette année sera marquée par un creux des ventes, et que s’amorcera en 2024 un redressement. Nous avons dû réviser nos prévisions à la baisse après les hausses des taux d’intérêt cet été, mais le scénario d’une année de reprise est resté le même.

Nous ne réviserons pas nos prévisions d’ici janvier, mais nous réfléchissons déjà à ce qui nous attend. Rappelons-nous la demande au printemps dernier, quand les prix ont cessé de chuter et les taux d’intérêt, d’augmenter. Cette situation n’a pas duré longtemps, mais elle nous a donné un avant-goût de ce qui nous attend.

Souvenons-nous maintenant que 2024 devrait être marquée par le début d’un cycle de réduction des taux, qui pourrait commencer plus tôt et de manière plus vigoureuse que nous le pensions il n’y a pas si longtemps, selon les attentes du marché. La demande a par ailleurs eu une autre année pour se renforcer en coulisses.

Rien n’est coulé dans le béton et les circonstances pourraient changer, mais le marché printanier s’annonce plus actif que ce que beaucoup semblent croire. Et s’il y a une chose que j’ai constatée à maintes reprises au cours de ma carrière, c’est que le marché de l’habitation au Canada a vraiment l’habitude de surprendre.

Directeur et économiste principal, Données sur l’habitation et analyse du marché, Shaun Cathcart fournit des renseignements sur le marché de l’habitation aux chambres, associations, membres et intervenants de l’immobilier. Il passe la majeure partie de son temps à analyser les tendances du marché canadien de l’habitation et à écrire sur le sujet. Dans ses temps libres, on peut le voir à bicyclette, au terrain de volleyball ou heureux de passer du temps avec sa famille.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *