Les ventes résidentielles en juillet continuent de montrer des signes de stabilisation

Le mardi 15 août, L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) a publié ses statistiques nationales sur l’habitation pour le mois de juillet 2023. Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI, fait le point sur l’état actuel des marchés de l’habitation au Canada et explique ce que les données signifient pour nos membres.


L’été bat son plein et nombreuses sont les personnes en vacances qui ne portent peut-être pas attention à l’actualité. Mais ce n’est pas grave, car les données du marché de l’habitation du mois de juillet n’ont rien de particulièrement remarquable.

Les ventes résidentielles se sont stabilisées en juillet, stabilisation que nous avions anticipée depuis quelques mois déjà. La hausse rapide des nouvelles inscriptions se poursuit. Puisqu’en avril on avait enregistré un creux jamais vu en 20 ans, ce retour rapide à la normale est une bonne chose. La croissance des prix a été vraisemblablement trop rapide ces derniers mois.

Avril, mai et juin ont chacun connu une augmentation des prix de 2 % d’un mois à l’autre, ce qui est considérable. Un calcul rapide (2 % par mois, fois 12 mois) laisse présager une augmentation assez lourde d’une année à l’autre. La bonne nouvelle, c’est que les marchés se stabilisent davantage et que cette augmentation est plus faible de moitié en juillet, soit de 1,1 %.

Le mois dernier, je parlais d’un ralentissement du marché à l’été, et je crois que les ventes d’août seront inférieures à celles de juillet. Je soupçonne que cela est attribuable à la hausse des taux d’intérêt de la Banque du Canada à la mi-juillet et à son message concernant une inflation supérieure au taux cible qui semble persister plus longtemps que prévu.

Certains acheteurs vont probablement se replier de nouveau jusqu’à ce qu’il y ait un niveau plus élevé de certitude concernant les taux d’intérêt.

Le nombre de nouvelles inscriptions pourrait continuer d’augmenter, mais peut-être à un rythme plus lent. C’est une mesure qu’il faut garder à l’œil, car elle pourrait signaler la vente de propriétés par des personnes ne croyant plus pouvoir assumer les coûts des taux d’intérêt actuels. Il ne s’agit pas d’un facteur préoccupant pour l’instant, mais ne le perdons pas de vue non plus.

Pour le moment, nous allons enregistrer un ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions assez moyen. Cela signifie que la croissance des prix pourrait se modérer, mais puisque le nombre global d’inscriptions actives est toujours très bas, je crois que les prix continueront d’augmenter légèrement, ou à tout le moins qu’ils ne diminueront pas.

Qu’arrivera-t-il au-delà des prochains mois? Cela dépendra des taux d’intérêt. Bien que l’incertitude puisse contribuer à un ralentissement des ventes pendant un certain temps, il n’en demeure pas moins que la demande de logement au Canada dépasse largement l’offre.

En juillet, la Banque du Canada a indiqué qu’elle s’attend à ce que l’inflation persiste à environ 3 % d’une année à l’autre jusqu’à l’été prochain avant d’atteindre la cible de 2 % vers le milieu de 2025.

Certains considèrent qu’une politique restrictive se cache sous ce message, mais je ne suis pas certain de cela. La Banque avait indiqué précédemment qu’une inflation de 3 % d’une année à l’autre ne serait pas acceptable. Si elle indique que le taux d’inflation demeurera à 3 % d’une année à l’autre jusqu’à l’été prochain, ne laisse-t-elle pas aussi sous-entendre qu’elle acceptera un taux de 3 % pendant une certaine période et qu’elle n’essayera pas de faire baisser ce taux au moyen d’autres hausses des taux d’intérêt?

C’est une différente façon pour la banque de passer son message. Je pense qu’en septembre, les choses seront plus claires.

Une chose à noter au sujet des hausses des taux d’intérêt depuis un an et demi est que les taux d’intérêt sont tout juste devenus positifs (quand le taux de financement à un jour de la Banque du Canada est plus élevé que l’inflation d’une année à l’autre) au cours des derniers mois.

L’impact de toutes ces politiques restrictives, qui tardait à se produire, pourrait vraiment commencer à se faire sentir plus tard cette année. Le Conseil de direction de la Banque du Canada avait discuté de cela avant sa plus récente décision concernant les taux d’intérêt.

Bien qu’un resserrement insuffisant ait toujours inquiété la Banque (elle ne veut pas revivre les années 1970), une politique restrictive excessive s’avère maintenant aussi une préoccupation.

Les prévisions laissent présager un retour en douceur à un taux d’inflation normal, ce qui est typique pour des prévisions, mais la réalité est souvent bien différente.

On dit que toutes les prévisions sont fautives, mais que certaines sont utiles. Les prévisions les plus récentes de la Banque du Canada sont donc utiles du fait qu’elles indiquent que la Banque s’inquiète de plus en plus de devoir augmenter les taux davantage.

La prochaine annonce de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt est fixée au 6 septembre. Préparez votre maïs soufflé.

Directeur et économiste principal, Données sur l’habitation et analyse du marché, Shaun Cathcart fournit des renseignements sur le marché de l’habitation aux chambres, associations, membres et intervenants de l’immobilier. Il passe la majeure partie de son temps à analyser les tendances du marché canadien de l’habitation et à écrire sur le sujet. Dans ses temps libres, on peut le voir à bicyclette, au terrain de volleyball ou heureux de passer du temps avec sa famille.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *