Une fois, deux fois, trois fois… Adjugé! Les enchères en direct pourraient révolutionner l’achat et la vente de propriétés au Canada

« J’ai 400 000 $ ici, ira-t-on à 450? Quatre-cinq-zéro, 450, j’ai 450. Va-t-on atteindre les 500? Oui, grâce au monsieur derrière. Cinq cents, 500 000 $ pour une maison exceptionnelle de deux étages sans voisins à l’arrière. Une fois. Deux fois. Trois fois… Adjugé! »

Imaginez un instant que les consommateurs fassent l’acquisition de propriétés de la même manière qu’ils acquièrent des œuvres d’art. Si le débit de parole rythmé emblématique des encanteurs ne fait pas encore partie du processus normal d’achat de propriétés, le marché immobilier canadien actuel ouvre la voie à des méthodes de vente qui sortent des sentiers battus. Voici les enchères en ligne : une méthode de vente publique ouverte, qui permet aux acheteurs de savoir, en temps réel, ce que les gens sont prêts à payer pour acquérir une propriété. C’est rapide, transparent, et en plein essor au Canada.

Bien que les enchères en ligne ne soient pas encore très populaires ici, elles sont bien implantées dans des pays comme le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l’Australie.

En fait, la New Zealand Real Estate Authority, l’organisme indépendant de réglementation du secteur en Nouvelle-Zélande, explique cette méthode de transactions immobilières est réglementée depuis 1928.

« L’achat par enchères requiert certes de faire preuve de sang-froid, mais il n’est en aucun cas réservé aux acheteurs ou aux investisseurs “expérimentés”, déclare Belinda Moffat, dirigeante de la New Zealand Real Estate Authority. Tout est question de préparation. L’acheteur potentiel doit au préalable faire preuve de toute la diligence raisonnable nécessaire, par exemple, s’engager à obtenir un rapport d’inspection de la propriété et s’assurer que ses finances sont en ordre. Quant au courtier ou à l’agent du propriétaire-vendeur, il doit fournir aux acheteurs intéressés les conditions et le contrat de vente, qui indique notamment les biens meubles inclus dans la propriété. »

À l’instar du marché de l’habitation canadien, celui de la Nouvelle-Zélande fait face actuellement à une réduction de l’offre, à des prix en hausse et à une forte concurrence, ce qui met de la pression sur les acheteurs et les propriétaires-vendeurs. « Le nombre de propriétés résidentielles vendues en février 2021 est au plus haut niveau pour un mois de février depuis 14 ans », explique Mme Moffat.

Les prix médians des propriétés résidentielles en Nouvelle-Zélande ont augmenté de 22,8 %, passant de 635 000 dollars néo-zélandais en février 2020 à 780 000 dollars en février 2021, un nouveau record pour le pays.

Ces chiffres vous semblent-ils familiers? Selon l’économiste principal de l’ACI, Shaun Cathcart, le prix moyen national des propriétés résidentielles vendues au Canada a augmenté de 31,6 % entre mars 2020 et mars 2021, pour atteindre le niveau record à cette date de 716 828 $.

Cependant, contrairement aux Canadiens, les propriétaires-vendeurs néo-zélandais sont beaucoup plus enclins à vendre aux enchères, même si la rapidité du processus peut être une source de stress et d’émotions intenses, tant pour les acheteurs que pour les propriétaires-vendeurs.

« Les premiers acheteurs en particulier évitent autant que possible les ventes aux enchères, dont le principe peut apparaître franchement un peu intimidant », précise Mme Moffat.

Lorsque l’offre est acceptée, impossible de revenir en arrière sans subir de lourdes conséquences juridiques. L’acheteur est tenu d’acquérir sans délai la propriété et ne peut pas imposer de conditions une fois l’enchère terminée, d’où l’importance pour lui d’arriver parfaitement préparé grâce aux conseils d’un courtier ou agent.

Alors, pourquoi choisir cette voie si elle provoque autant de stress?

« Du point de vue de l’acheteur, les enchères sont ouvertes, ce qui permet de connaître les offres des autres », explique Mme Moffat, et ajoute qu’un propriétaire-vendeur peut choisir cette voie si le prix de sa propriété est difficile à établir en raison de ses caractéristiques uniques ou si le marché est en effervescence, comme c’est le cas actuellement.

Au Canada, les exemples de vente aux enchères sont si rares qu’ils attirent souvent l’attention des médias.

L’une des inscriptions de Jessica Hellard, membre de l’ACI, à Kingston, en Ontario, a fait l’objet d’un reportage sur CTV News au début de l’année, car son client avait opté pour la vente aux enchères. La propriété a fini par se vendre 110 000 $ de plus que le prix demandé.

Le prix de réserve de cette maison jumelée de trois chambres à coucher était de 350 000 $. Les enchères ont commencé le vendredi à 17 heures, et le samedi après-midi, 55 offres avaient été soumises. La propriété de 1 471 pieds carrés s’est vendue 461 010 $.

« Je pense qu’il faut un certain type de propriété et un propriétaire-vendeur qui adhère à ce style », a confié Mme Hellard à REAL TIME.« Cette approche a fonctionné pour notre marché, car j’avais remarqué que beaucoup d’acheteurs étaient frustrés par le processus traditionnel et par le fait d’être constamment surenchéris, au point de cesser de soumettre des offres; les enchères leur permettent de participer de manière plus transparente. »

Mme Hellard a fait appel à la société torontoise On the Block Auctions Inc. pour organiser le processus, et souligne que le propriétaire-vendeur et l’acheteur étaient tous deux satisfaits du résultat.

« Certains pourraient penser que les propriétaires-vendeurs auraient pu obtenir davantage, mais pour avoir fait mes recherches au préalable, j’en ai déduit que l’attention autour de l’enchère allait attirer davantage d’acheteurs. Certes, ce marché en effervescence profite aux audacieux, mais il existe tout un groupe d’acheteurs qui ne sont pas encore prêts à lâcher 150 000 $ dans une guerre d’enchères à l’aveugle. »

Fondée en 2017, On the Block Auctions collabore avec des courtiers et agents immobiliers, et recommande fortement aux acheteurs et aux propriétaires-vendeurs de faire appel à ceux-ci. Elle a mis en place un processus d’enchères complètement ouvert, qui garantit cependant la confidentialité.

« De nombreuses inscriptions en Ontario font déjà l’objet de ventes aux enchères, mais elles se produisent par écrit », explique Katie Steinfeld, cofondatrice de On the Block Auctions. « Lorsque le prix le plus élevé est affiché, tous les acheteurs potentiels participent au processus, tandis que les propriétaires-vendeurs peuvent s’assurer d’obtenir le meilleur prix pour leur bien.

« Beaucoup pensent que l’achat aux enchères est réservé aux maisons de luxe ou aux biens en faillite. Nous essayons de prouver que ce n’est pas nécessairement le cas. »

Le président de l’ACI, Cliff Stevenson, souligne qu’il comprend l’attrait que représentent les ventes aux enchères en ligne et qu’il soutient cette méthode dans la mesure où elle permet aux Canadiens de se sentir plus en confiance pour entrer sur le marché.

« Quoi qu’il en soit, le courtier ou agent doit toujours prendre part au processus, explique-t-il. Comme pour les autres méthodes de vente, la propriété doit toujours être montrée, sa valeur évaluée, sa vente organisée et finalisée, et il est essentiel que les courtiers ou agents soient présents pour superviser la vente afin de s’assurer que tout est fait dans les règles de l’art. »

Matt Day a été journaliste multimédia reconnu sur le plan national, et il apporte cette expérience à L’Association canadienne de l’immeuble, où il occupe le poste de conseiller en Communications. Matt offre du soutien professionnel en matière de rédaction, de médias numériques et de communications à l’ACI et participe à la création de contenu stimulant pour les médias sociaux. Au Café ACI, il écrit régulièrement des articles intéressants et divertissants pour les détenteurs du titre REALTOR®. Matt est photographe professionnel, mais il rêve de devenir une vedette du rock. Il s’adonne aussi au vélo de montagne, au ski et à la randonnée pédestre, et ne jure que par l’utilisation de la virgule de série.


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