Les marchés de l’habitation se stabilisent… mais pour combien de temps?

Le jeudi 15 juillet, L’Association canadienne de l’immeuble (ACI) a publié ses statistiques nationales sur l’habitation pour le mois de juin. Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI, fait ici le point sur l’état actuel des marchés au Canada et explique ce que les données signifient pour les membres.


En juin 2021, le thème principal des marchés de l’habitation canadiens était le même que celui d’avril et de mai : les choses continuent de se calmer. L’activité a ralenti et les prix n’augmentent pas aussi rapidement qu’avant.

Les ventes ont diminué de 8,5 % de mai à juin. On ne note par ailleurs aucun changement important d’un mois à l’autre au niveau des nouvelles inscriptions, ce qui allège un peu la pression sur l’offre.

Soulignons toutefois que cette accalmie est illusoire, puisqu’elle suit les sommets presque invraisemblables de l’année passée. Comparativement à toute autre période, les ventes, les conditions du marché et la croissance des prix sont toujours à des niveaux records.

Le mois en chiffres

Même si les ventes désaisonnalisées en juin ont diminué de 25 % depuis mars, elles constituent tout de même un record pour le mois de juin. Le nombre de mois d’inventaire se situait à 2,3, soit 1,8 de plus qu’en mars, mais toujours moins de la moitié de ce qui constituerait un marché équilibré. En juin, les prix ont augmenté de 1 % d’un mois à l’autre; c’est bien inférieur au 3 % d’il y a quelques mois, mais on ne peut pas dire qu’il s’agit d’un faible taux de croissance.

On commence à voir un lent retour à la « normale », mais il reste encore bien du chemin à faire.

En effet, les ventes n’établissent pas les records impressionnants d’il y a quelques mois, mais le principal problème demeure l’offre, plus aiguë que jamais. Bref, on est toujours à des lieues de la normale. On sait que la récente baisse des ventes suit globalement la diminution des nouvelles inscriptions. Y a-t-il donc vraiment une baisse de la demande?

Tous ces membres de la génération Y contrariés en quête d’une propriété ont-ils tout simplement décidé d’abandonner leur rêve pour toujours? J’en doute. En même temps, le ralentissement de la croissance de la population tire vraisemblablement à sa fin.

Et ensuite?

Même si la frénésie du début de la pandémie semble s’être quelque peu dissipée pour le moment, les principaux ingrédients d’un marché favorisant les propriétaires-vendeurs sont toujours là; ils n’ont pas disparu avec la COVID-19. Peut-être qu’avec la vaccination, nous pourrons respirer un peu cet été avant la reprise des activités à l’automne. Et avec un peu de chance, le marché de l’habitation fera de même.

Attention toutefois, il n’est pas question de dormir sur nos lauriers : des élections fédérales se profilent à l’horizon, et les politiques du logement risquent d’être un enjeu de taille. Mais cette fois, enfin, la conversation portera probablement sur la construction de logements dans les prochaines années. C’est un pas dans la bonne direction.

Si attirer les projecteurs politiques sur les problèmes d’offre n’a pas été une mince affaire, il sera probablement encore plus difficile d’obtenir des actions concrètes. On verra bien ce que les partis auront à proposer.

Directeur et économiste principal, Données sur l’habitation et analyse du marché, Shaun Cathcart fournit des renseignements sur le marché de l’habitation aux chambres, associations, membres et intervenants de l’immobilier. Il passe la majeure partie de son temps à analyser les tendances du marché canadien de l’habitation et à écrire sur le sujet. Dans ses temps libres, on peut le voir à bicyclette, au terrain de volleyball ou heureux de passer du temps avec sa famille.


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